Les partis de l'opposition, des plus tempérés aux plus impulsifs, ont fait preuve d'inaptitude à parler d'une seule voix
« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m'en charge ». Cette citation de Voltaire semble tomber à point nommé pour décrire le triste sort que l'opposition tunisienne se réserve à elle-même. Comme s'il ne lui suffisait pas d'être minoritaire, il fallait en plus qu'elle se disloque en mille morceaux par des guerres intestines.
Triste bilan au terme de lourdes épreuves qui auraient pu la souder en cette phase transitoire éprouvante. De son côté, le propre camp de l'opposition, remonté contre ce faible rendement, ouvre le feu. Jugés comme naïfs, opportunistes, dénués de sens politique, l'opposition et ses symboles n'ont pas été épargnés et l'opinion publique n'a pas été clémente cette fois-ci.
Dès l'annonce, samedi soir, à la surprise presque générale, du nom de Mehdi Jomâa, chef du gouvernement, l'opposition en a pris pour son grade. Cette fois-ci via des tirs amis. Des démocrates, laïcs, libéraux, centristes, gauchistes, toutes tendances confondues. Le propre camp de l'opposition et son cadre de référence idéologique, politique et social se sont soulevés contre leurs représentants. Les déclarations des dirigeants et les accusations mutuelles à l'issue de ce « triste » dénouement ont fini par avoir raison d'une image très écornée.
Une fin amère, mais pour le moins attendue. Et pour cause, avant de se concentrer sur les manœuvres internes au dialogue menées par Ennahdha et externes conduits par le parti du président, le CPR, les partis d'opposition se sont livrés une guerre sans merci, en désavouant mutuellement et systématiquement leurs candidats respectifs. Résultat, à cause de ces croche-pieds distribués généreusement, aucun de leurs poulains n'est arrivé premier à La Kasbah.
Sorti grandi
Rached Ghannouchi, au contraire, en est sorti grandi. On lui prête des pouvoirs surhumains de tacticien et une vocation confirmée à mettre en déroute ses adversaires.
Même Béji Caïd Essebsi, reconnu comme fin politique, le seul à même de contrer un cheikh doublé d'un redoutable animal politique, a semblé dépassé, cette fois-ci.
Les faits sont là. Tout au long des longues et harassantes négociations qui auront duré près de trois mois, les partis d'opposition, des plus tempérés aux plus impulsifs, ont fait preuve d'incapacité à parler d'une seule voix, à valider les mêmes candidats, voire à s'épargner mutuellement. Au final, les guerres fratricides qu'ils se sont livrées ont permis à Ennahdha de mener le jeu. Et faute d'avoir pu arracher un consensus autour de M. Mestiri, le parti islamiste a fini par imposer Mehdi Jomaâ, présenté comme indépendant, mais proche du courant islamiste, à en croire certaines déclarations.
Mehdi Jomaâ, 51 ans, ingénieur en disponibilité du groupe pétrolier français Total. Un technocrate, sans expérience politique aucune, ni notoriété. Un ex-discret ministre de l'Industrie au gouvernement de Ali Laârayedh, porté à la présidence du gouvernement par la dernière chance et par neuf voix pour et deux contre, face au candidat Jalloul Ayed qui s'est maintenu, lui aussi, jusqu'au bout. A ce détail près, des 21 partis invités à se prononcer, sept se sont abstenus et trois se sont retirés. Un choix qui ne peut prétendre, donc, être consensuel, ni le candidat répondre aux critères, étant membre d'un gouvernement sortant.
Rassurer les Tunisiens
Les dés sont jetés, néanmoins. Le futur Premier ministre devra conduire le pays jusqu'aux prochaines élections, épaulé par un cabinet de technocrates indépendants qui devra être composé en quinze jours. Les chantiers sont ouverts et les défis sont grands : sortir le pays de ce marasme économique dans lequel il est empêtré, contrer efficacement la déferlante terroriste et rassurer les Tunisiens, surtout quant à la neutralité de l'administration.
Il faudra attendre jusqu'au vote de confiance de l'Assemblée constituante pour conforter le nouveau chef du gouvernement, qui, normalement, devra passer sans ambages. Le parti du président, le CPR, qui s'est démarqué ces derniers temps par un rejet du moindre consensus, s'est empressé, cette fois-ci, de valider le choix. Allez savoir pourquoi !
Pendant ce temps, les partis de l'opposition offrent un éventail d'humeurs bigarré, entre la résignation et le rejet, quand d'autres s'essayent au pragmatisme. Quoi qu'il en soit, une pause de réflexion semble nécessaire pour tirer quelques leçons de cette mutuelle destruction.
« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m'en charge ». Cette citation de Voltaire semble tomber à point nommé pour décrire le triste sort que l'opposition tunisienne se réserve à elle-même. Comme s'il ne lui suffisait pas d'être minoritaire, il fallait en plus qu'elle se disloque en mille morceaux par des guerres intestines.
Triste bilan au terme de lourdes épreuves qui auraient pu la souder en cette phase transitoire éprouvante. De son côté, le propre camp de l'opposition, remonté contre ce faible rendement, ouvre le feu. Jugés comme naïfs, opportunistes, dénués de sens politique, l'opposition et ses symboles n'ont pas été épargnés et l'opinion publique n'a pas été clémente cette fois-ci.
Dès l'annonce, samedi soir, à la surprise presque générale, du nom de Mehdi Jomâa, chef du gouvernement, l'opposition en a pris pour son grade. Cette fois-ci via des tirs amis. Des démocrates, laïcs, libéraux, centristes, gauchistes, toutes tendances confondues. Le propre camp de l'opposition et son cadre de référence idéologique, politique et social se sont soulevés contre leurs représentants. Les déclarations des dirigeants et les accusations mutuelles à l'issue de ce « triste » dénouement ont fini par avoir raison d'une image très écornée.
Une fin amère, mais pour le moins attendue. Et pour cause, avant de se concentrer sur les manœuvres internes au dialogue menées par Ennahdha et externes conduits par le parti du président, le CPR, les partis d'opposition se sont livrés une guerre sans merci, en désavouant mutuellement et systématiquement leurs candidats respectifs. Résultat, à cause de ces croche-pieds distribués généreusement, aucun de leurs poulains n'est arrivé premier à La Kasbah.
Sorti grandi
Rached Ghannouchi, au contraire, en est sorti grandi. On lui prête des pouvoirs surhumains de tacticien et une vocation confirmée à mettre en déroute ses adversaires.
Même Béji Caïd Essebsi, reconnu comme fin politique, le seul à même de contrer un cheikh doublé d'un redoutable animal politique, a semblé dépassé, cette fois-ci.
Les faits sont là. Tout au long des longues et harassantes négociations qui auront duré près de trois mois, les partis d'opposition, des plus tempérés aux plus impulsifs, ont fait preuve d'incapacité à parler d'une seule voix, à valider les mêmes candidats, voire à s'épargner mutuellement. Au final, les guerres fratricides qu'ils se sont livrées ont permis à Ennahdha de mener le jeu. Et faute d'avoir pu arracher un consensus autour de M. Mestiri, le parti islamiste a fini par imposer Mehdi Jomaâ, présenté comme indépendant, mais proche du courant islamiste, à en croire certaines déclarations.
Mehdi Jomaâ, 51 ans, ingénieur en disponibilité du groupe pétrolier français Total. Un technocrate, sans expérience politique aucune, ni notoriété. Un ex-discret ministre de l'Industrie au gouvernement de Ali Laârayedh, porté à la présidence du gouvernement par la dernière chance et par neuf voix pour et deux contre, face au candidat Jalloul Ayed qui s'est maintenu, lui aussi, jusqu'au bout. A ce détail près, des 21 partis invités à se prononcer, sept se sont abstenus et trois se sont retirés. Un choix qui ne peut prétendre, donc, être consensuel, ni le candidat répondre aux critères, étant membre d'un gouvernement sortant.
Rassurer les Tunisiens
Les dés sont jetés, néanmoins. Le futur Premier ministre devra conduire le pays jusqu'aux prochaines élections, épaulé par un cabinet de technocrates indépendants qui devra être composé en quinze jours. Les chantiers sont ouverts et les défis sont grands : sortir le pays de ce marasme économique dans lequel il est empêtré, contrer efficacement la déferlante terroriste et rassurer les Tunisiens, surtout quant à la neutralité de l'administration.
Il faudra attendre jusqu'au vote de confiance de l'Assemblée constituante pour conforter le nouveau chef du gouvernement, qui, normalement, devra passer sans ambages. Le parti du président, le CPR, qui s'est démarqué ces derniers temps par un rejet du moindre consensus, s'est empressé, cette fois-ci, de valider le choix. Allez savoir pourquoi !
Pendant ce temps, les partis de l'opposition offrent un éventail d'humeurs bigarré, entre la résignation et le rejet, quand d'autres s'essayent au pragmatisme. Quoi qu'il en soit, une pause de réflexion semble nécessaire pour tirer quelques leçons de cette mutuelle destruction.
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