Le sort d’une jeune femme violée par des policiers tunisiens puis poursuivie pour « obscénité » met la Tunisie face à ses contradictions post-révolutionnaires et fait bondir la société civile.
Entre 200 à 300 personnes, en majorité des femmes, ont manifesté samedi dans le centre de Tunis pour protester contre cette affaire lourde en symboles, et même la ministre des Femmes du gouvernement islamiste a apporté son soutien à la victime.
Les slogans étaient sans ambiguïté : « Ni voile, ni viol » ; « Ils violent nos corps et nos cœurs » ; « Dans mon pays, la police me viole et la justice m’accuse »...
Les faits sont connus : dans la nuit du 3 au 4 septembre, dans la localité d’Ain Zaghouan, tout près de Tunis, les policiers interpellent un couple en train de flirter dans la rue. La jeune femme est violée par deux policiers, avec la complicité d’un troisième.
La victime a porté plainte contre les policiers -qui ont été arrêtés-, mais à la surprise générale, le porte-parole du ministère de l’Intérieur a déclaré que la jeune femme avait été trouvée dans une situation « indécente »...
Cette affaire fait ressortir les contradictions de la période actuelle en Tunisie, entre les comportements et mentalités hérités du passé et les hésitations d’une période dominée par le courant conservateur islamiste.
A Tunis, avant même cette affaire, de nombreux Tunisiens critiquaient l’absence de changement de personnel et de mentalité au sein du ministère de l’Intérieur, les cadres de l’ère Ben Ali (un ancien ministre de l’Intérieur lui-même) s’étant promptement reconvertis au service du nouveau pouvoir.
Des policiers au comportement indigne aussitôt couverts par leur hiérarchie : voilà qui ne change pas beaucoup du passé.
Dans cet entretien fort intéressant, la ministre prend ouvertement parti pour la jeune femme violée, et critique même la prise de position du porte-parole du ministère de l’Intérieur. Elle ajoute, suprême audace :
Entre 200 à 300 personnes, en majorité des femmes, ont manifesté samedi dans le centre de Tunis pour protester contre cette affaire lourde en symboles, et même la ministre des Femmes du gouvernement islamiste a apporté son soutien à la victime.
Les slogans étaient sans ambiguïté : « Ni voile, ni viol » ; « Ils violent nos corps et nos cœurs » ; « Dans mon pays, la police me viole et la justice m’accuse »...
Les faits sont connus : dans la nuit du 3 au 4 septembre, dans la localité d’Ain Zaghouan, tout près de Tunis, les policiers interpellent un couple en train de flirter dans la rue. La jeune femme est violée par deux policiers, avec la complicité d’un troisième.
La victime a porté plainte contre les policiers -qui ont été arrêtés-, mais à la surprise générale, le porte-parole du ministère de l’Intérieur a déclaré que la jeune femme avait été trouvée dans une situation « indécente »...
« Obscénité ostentatoire préméditée »
Depuis, le procureur de la République a déposé une plainte contre elle et son ami pour « obscénité ostentatoire préméditée ». Convoquée mercredi devant un juge d’instruction de Tunis, en présence des avocats des deux parties, elle a été confrontée à ses agresseurs. Une nouvelle audience est prévue mardi, où la jeune femme est convoquée en position d’« accusée ».Cette affaire fait ressortir les contradictions de la période actuelle en Tunisie, entre les comportements et mentalités hérités du passé et les hésitations d’une période dominée par le courant conservateur islamiste.
A Tunis, avant même cette affaire, de nombreux Tunisiens critiquaient l’absence de changement de personnel et de mentalité au sein du ministère de l’Intérieur, les cadres de l’ère Ben Ali (un ancien ministre de l’Intérieur lui-même) s’étant promptement reconvertis au service du nouveau pouvoir.
Des policiers au comportement indigne aussitôt couverts par leur hiérarchie : voilà qui ne change pas beaucoup du passé.
Le soutien de la ministre des Femmes
Ce qui change cependant, c’est qu’au sein même du gouvernement, des voix dissonantes apparaissent, et que, comme le souligne Sihem Badi, ministre des Affaires de la femme et de la famille, dans une interview accordée à nos amis du site indépendant tunisien Nawaat, la victime a osé porter plainte contre des policiers, ce qui était impensable sous Ben Ali.Dans cet entretien fort intéressant, la ministre prend ouvertement parti pour la jeune femme violée, et critique même la prise de position du porte-parole du ministère de l’Intérieur. Elle ajoute, suprême audace :
« Si, aujourd’hui, on n’est pas ferme, surtout devant la violence faite aux femmes, c’est que je pense que nous avons besoin d’une autre révolution qui devra changer les mentalités, et devra atteindre l’objectif clé de cette révolution : préserver la dignité de tout citoyen. »
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