Double champion olympique (1 500m en 2008, 10 km en 2012), le Tunisien Oussama Mellouli a été menacé pour ne pas avoir respecté le ramadan en se ravitaillant pendant la course. Témoignage.
Son doublé olympique historique (1 500m à Pékin et 10km en eaux-vives à Londres)
« Je crois que tout le monde a vu ma réaction après le 10 km. J’en suis très fier, surtout après avoir surmonté les difficultés et mes problèmes de santé (douleurs chroniques à l’épaule et double hernie discale au dos, ndlr). Deux jours avant la compétition, j’ai eu un symptôme viral, qui m’a cloué au lit pendant 48 heures. Il y avait beaucoup de doutes. Quatre ans après avoir été sacré sur 1 500m à Pékin, c’est vraiment grandiose d’entrer comme ça dans un 10 km et de faire une belle course. »
Des islamistes radicaux l’ont menacé de mort
« Un groupe d’islamistes radicaux m’a pris comme cible, après m’avoir vu faire des ravitaillements pendant le 10 km. J’ai dû boire de l’eau et des boissons énergisantes pour être sur le même pied d’égalité que mes concurrents. C’est une chose normale. Mais la course olympique s’est passée pendant le ramadan. Tous les athlètes musulmans ont dû renoncer au ramadan et choisir d’être aussi compétitifs que les autres athlètes. Ce groupe d’islamistes radicaux ne comprend pas le sport de haut niveau. Ils ne savent pas ce que l’athlète endure pour donner de telles performances à ce niveau-là. Avec ma famille, nous avons reçu des menaces de mort. Ça m’a vraiment choqué. Il ne faut pas prendre ça à la légère. Avec mes parents, on est très méfiants. »
Le cas Habiba Ghribi
« La délégation tunisienne a été également très surprise de la réaction des gens à Tunis concernant la tenue vestimentaire de notre championne Habiba Ghribi, qui a gagné la médaille d’argent sur 3000m steeple. J’ai félicité Habiba au village olympique. C’est la première femme tunisienne à remporter une médaille olympique. Nous sommes tous très fiers d’elle, à l’exception de certains radicaux. Elle n’a pas reçu des menaces de mort mais ils ont quand même demandé le retrait de sa nationalité tunisienne. Elle a eu la même réaction que moi. Elle ne comprenait pas et était sous le choc. »
La situation de la Tunisie
« On vient d’avoir notre révolution, dont nous sommes tous fiers en tant que Tunisiens libres. Certaines personnes gardent leur point de vue sur certaines idées. Le débat reste toujours ouvert. Dans une Tunisie libre et démocratique, on respecte l’opinion des autres. Il faut que ces groupes comprennent qu’on est là pour représenter la Tunisie et en donner une belle image. On a accompli des miracles qui servent à embellir l’image de la Tunisie, qui a une réputation de nation ouverte. Il faut respecter ça et ne pas attaquer les athlètes de cette façon. Il n’y a pas de dégoût. Aujourd’hui, je suis toujours comblé. Mais je célèbre ça en famille à Tunis en restant discret. »
L’avenir de la Tunisie
« La Tunisie est en train de passer par un moment de transition. On reste tout de même positif. On est vraiment content d’avoir eu notre révolution et notre liberté. Comme on dit, il n’y a pas d’accouchement sans douleur. On sait qu’il reste des sacrifices à faire devant nous. C’est un travail en cours. Ça ne va pas y arriver du jour au lendemain. On a encore des obstacles à franchir mais on est prêt à le faire. »
La suite de sa carrière
« Je vais souffler un peu. Je vais profiter de ma double consécration olympique avec ma famille et mes amis. Je dois soigner des problèmes de santé. J’ai même pensé m’éloigner et sortir par la grande porte après ces deux sacres olympiques. Mais je ne le cache pas, l’eau et les entraînements me manquent. Je vais passer encore plus de vacances à Tunis. Les menaces de mort ne vont pas me faire arrêter. »
« Je vais souffler un peu. Je vais profiter de ma double consécration olympique avec ma famille et mes amis. Je dois soigner des problèmes de santé. J’ai même pensé m’éloigner et sortir par la grande porte après ces deux sacres olympiques. Mais je ne le cache pas, l’eau et les entraînements me manquent. Je vais passer encore plus de vacances à Tunis. Les menaces de mort ne vont pas me faire arrêter. »
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